La libido, c'est comme un voyage en péniche au pays des écluses. Il y a des hauts et des bas. Parfois, il faut attendre un peu que le niveau remonte pour pouvoir poursuivre sa route. Il y a les impatients, ceux qui ont horreur des contraintes et saisissent le prétexte, le bas alibi de la libido basse, pour changer carrément de moyen de locomotion. Ceux-là seront toujours déçus, se heurtant un jour ou l'autre à un monstrueux bouchon devant un péage d'autoroute. Il y a ceux qui décident de jeter l'ancre. Juste pour un temps. Et puis le temps s'étire, on jette une deuxième ancre pour conforter ses amarres. Et puis on trouve l'endroit joli. Et, finalement, pourquoi repartir ? On n'est pas bien ici ? Il y a ceux qui se disent : "Tiens et si j'en profitais pour aller faire un tour ailleurs?" Oh, pas un grand, juste un petit détour hors des sentiers battus. Ils abandonnent leur embarcation en toute confiance, l'alarme est branchée et la bitte d'amarrage d'une solidité à toute épreuve. Un dernier coup d'oeil en arrière et hop! vogue la galère. Souvent, ceux-là ne trouvent plus rien à leur retour. Ils avaient simplement oublié qu'ils s'étaient promis, il y a quelque temps, de réparer la toute petite voie d'eau qui suintait dans la cale. Et puis il y a ceux qui savent où la paix niche, qui connaissent les vertus de l'attente. L'abstinence volontaire est une bombe à retardement. Mais l'abstinence involontaire et passagère peut être une arme de séduction lascive, un défi à relever, un château à reconstruire, l'occasion de lever le nez du guidon pour se remettre en selle. Ceux-là n'ont jamais rien perdu à attendre. Quand la libido reprend son cours (et elle le reprend toujours), le paysage devient merveilleux, on retrouve des sensations d'amants des premiers jours, je me reglisse en toi avec la sage expérience d'un fleuve et la fougueuse passion d'un torrent. Eclusons un verre et retournons au lit de la rivière...
Jeudi 10 août
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21:24
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Publié dans : Récits illustrés
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