Chapitre 14


    Les deux bras tendus en avant, Mariette fit quelques pas timides dans la pièce et constata aussitôt avec plaisir que ses pieds foulaient une épaisse moquette. Elle se voyait mal (c’était le cas de dire) prendre vraiment son pied avec ses deux petons gelés sur du marbre froid. Quatre mains saisirent en douceur les deux siennes. Le comité d’accueil était au rendez-vous.
    - « Désirez-vous un rafraîchissement ? Souhaitez-vous quelques stimulations ou préférez-vous que l’on vous conduise directement dans le vif de l’action ? », l’interrogea une voix douce, digne d’une hôtesse de l’air. Parfaite pour s’envoyer en l’air.
    - « Merci. J’ai déjà pris l’apéritif. Je peux passer directement au plat de résistance », répondit Mariette.
    - « Voulez-vous que je vous décrive un peu la situation pour orienter votre choix ou bien dois-je vous laisser découvrir par vous-même ? »
    - « Je vous écoute. »
    - « Juste en face de vous, nous avons un couple très occupé et je pense que la dame ne devrait pas tarder à être libre. A votre gauche, en revanche, trois femmes sont à la disposition de quatre messieurs et je suppose qu’il vous faudra faire la queue avant de vous intégrer  à cette intéressante figure géométrique. A votre droite... »
    - « Merci. C’est bon, je vais me débrouiller toute seule. »
    - « A votre service. N’hésitez pas à nous appeler en levant la main bien haut. »
    « Dis-moi, ma « Chose », tu y vois toujours aussi clair ? »
    « Aucun problème, ma belle. Laisse-toi guider par mon instinct. Qu’est ce qui te ferait plaisir ? »
    «Tu me proposes quoi ? »
    « Tu as un client à une dizaine de mètres devant toi, un peu sur ta droite. Il est allongé sur le dos et paraît assez en forme pour te satisfaire. Va t’installer confortablement en m’attendant. Je me charge de te ramener quatre ou cinq autres candidats. »
    « Quatre ou cinq ? Tu ne crois pas que tu exagères un peu ? »
    « On verra... Tu ne diras peut-être pas la même chose dans cinq minutes. »
    «  Et comment vas-tu t’y prendre ? Tu peux aussi leur parler ? »
    « Evidemment. Tu te prends pour Jeanne d’Arc ? Allez, tu perds ton temps. Si tu continues à disserter, ton client va refroidir. »
    Mariette, en traînant les pieds pour ne pas trébucher sur quelque obstacle de chair, avança prudemment dans la direction indiquée par sa « Chose ». Son orteil heurta ce qu’elle supposa être une plante de pied. S’accroupissant, elle constata effectivement que c’était bien un pied. Les mollets poilus lui indiquèrent qu’elle avait débusqué sa proie. Une remontée parallèle le long des deux cuisses aboutit à une conclusion favorable et une bitte d’amarrage où elle était prête à s’ancrer, car déjà revêtue, non seulement des meilleures intentions mais aussi d’un préservatif bien tendu.
    Sans même dire bonjour ni bonsoir, Mariette s’empala jusqu’à la garde, laissant les couilles lui chatouiller délicieusement les fesses. Puis, elle n’osa plus bouger, de peur de déclencher une réaction en chaîne avant que la figure allégorique promise par sa « Chose » ne soit mise en place. Assise ainsi, bien droite, docile et immobile, Mariette était plongée en elle-même, toute réjouie par cette chaleur qui l’envahissait.
    Etrangement, l’homme allongé semblait satisfait de son sort. Mariette s’était imaginée qu’aussitôt installée, le rodéo allait se mettre en marche. Comme lorsqu’on pose son cul sur un taureau furieux. Elle n’eut pas besoin de calmer la bête. « Il est peut-être mort et seule la rigidité cadavérique le maintient soudé à moi », songea un instant Mariette. Mais les petits soupirs discrets de son cadavre exquis la rassurèrent quant à ses possibilités futures.
Mariette était à deux doigts de lancer la machine, n’y tenant plus, quand deux mains se collèrent sous ses fesses et la soulevèrent légèrement. Une troisième se posa sur sa nuque et l’obligea à se pencher en avant. Une quatrième lui saisit la main gauche. Une cinquième s’empara de sa main droite. « Voyons, se dit Mariette, ça nous fait combien, tout ça ? Un, deux, trois et voilà le quatrième... »
    Deux mains supplémentaires lui caressèrent les joues et les cheveux puis firent basculer sa tête un peu plus en avant. D’instinct, Mariette ouvrit la bouche et un savoureux goût de papaye lui chatouilla les papilles. « Tiens, en partant, j’en piquerais bien deux ou trois comme ça ». Mais Mariette n’eut pas le temps de prolonger ses réflexions car la réaction en chaîne tant attendue se mettait en branle. Elle laissa à l’homme en face d’elle le soin de mettre la pompe en marche au gré des mouvements de balancier qu’il exerçait sur sa tête.
La main droite de Mariette et sa jumelle opposée, guidées à bon escient et transformées en fourreaux de fortune, s’étaient emparées chacune d’un drapeau qu’elles s’employaient maintenant à agiter d’un même rythme frénétique, comme pour saluer l’issue d’une course. Mais la ligne d’arrivée n’était pas encore en vue. Les coureurs étaient loin d’avoir épuisé toutes leurs ressources.
    L’un d’eux avait d’ailleurs décidé de prendre l’initiative. En l’occurrence, celui qui avait délicatement soulevé les fesses de Mariette et qui n’avait heureusement pas l’intention d’en rester là. Une fois le passage découvert (mais il devait bien se douter qu’il trouverait son bonheur de ce côté là), restait à se frayer un chemin. D’un doigt humide que Mariette identifia comme un index, l’homme massa l’entrée jusqu’à ce qu’elle cède d’elle-même, aspirant profondément ce substitut déjà bien suffisant pour procurer à Mariette un jugement favorable sur ce qui allait se passer. Prenant sa « Chose » à témoin, Mariette se demanda où elle pourrait bien loger un cinquième locataire. Mais elle n’attendit pas le verdict et un autre doigt (le majeur cette fois ?) la ramena à la réalité du terrain.
    L’homme derrière Mariette estima sans doute que le siège avait assez duré et passa subitement à l’attaque. A peine ses doigts libéraient-ils la place, qu’il embrocha Mariette sans crier gare et c’est elle qui émit un petit cri en se sentant ainsi envahie de toutes parts. La pointe de douleur provoquée par l’élargissement brutal de son anus ne dura pas. Elle avait maintenant l’impression de ne posséder qu’un seul et immense orifice battant la chamade au rythme imposé par le maître des lieux. D’autant plus que le second occupant, l’homme allongé sur le dos, était toujours sans réaction. Son unique rôle, jusqu’à présent, était de maintenir la cohésion de l’ensemble (ce qu’il faisait parfaitement en conservant son érection optimale).
    Mariette avait les joues en feu. Elle aurait bien aimé exprimer tout haut son état de pleine (toute pleine) satisfaction si l’homme qu’elle suçait furieusement ne la rendait pas muette par la force des choses. Elle commençait à avoir des crampes dans les bras à secouer ses amants latéraux qui, d’un commun accord (et sans doute pour l’harmonie de la figure imposée), s’étaient agenouillés pour mieux encaisser les attaques coulissantes.
Le premier qui céda fut celui que Mariette accueillait dans sa bouche. Elle sentit au bout de sa langue le réservoir du préservatif se remplir. Comme pour se venger de cette inauguration en grande pompe, Mariette ne lâcha pas prise. Au contraire, elle serra fortement les lèvres et reprit à son compte le mouvement d’avant en arrière que l’homme avait brutalement cessé. Le prisonnier se mit à gémir et trente secondes plus tard, n’y tenant plus, n’arrivant plus à faire la différence entre la douleur et le plaisir, il se dégagea d’un violent coup de reins en arrière... au risque d’y laisser quelques plumes.
    Comme deux fusées synchronisées d’un spectacle pyrotechnique bien réglé, main gauche et main droite jaillir simultanément. Certes, leur élan fut brisé net par l’enveloppe de latex mais l’explosion fut également sonore. « Un bel exemple de stéréo », fit judicieusement remarquer la « Chose ». Mariette avait d’autres préoccupations que de faire de l’humour.
Enfin libérée des à-côtés artistiques, Mariette pouvait désormais se consacrer tout entière à son propre ouvrage. Elle posa ses mains à plat par terre, bras tendus de part et d’autre de son confortable tapis de sol. Ainsi appuyée, Mariette pouvait prendre en main la situation. D’un mouvement de bassin, elle stoppa net la fouille minutieuse de ses arrières, pour imposer son intention de prendre les commandes. Jouant de ses cuisses comme des ressorts, elle reprit le rythme à zéro, montant et descendant avec une lenteur extrême pour mettre les deux pistons à l’unisson. Quand le moteur à deux temps fut bien réglé, elle mit le turbo et se laissa griser par la vitesse. Un triple bang salua le franchissement du mur du son quand Mariette donna le signal de l’arrivée. Lorsqu’elle se dégagea de l’homme allongé sur le dos, il bandait encore. Finalement, il était peut-être mort.
    Jouer au sandwich dans le rôle du jambon-beurre n’avait pas pour autant rassasié l’appétit de Mariette qui n’avait jamais encore vécu une telle boulimie de sexe. Elle avait littéralement le feu au cul et se demandait combien faudrait-il encore de pompiers pour éteindre l’incendie qui la consumait ?
    Chaque orgasme appelait le suivant. Seule la fatigue physique qui commençait à la gagner pouvait semble-t-il avoir raison de ses ardeurs.
    Se laissant aller au gré et aux caprices (et aux indications géographiques) de sa « Chose », Mariette épuisa encore une dizaine de partenaires. Elle réessaya même avec succès l’homme toujours allongé sur le dos, toujours aussi agréablement passif... Mais cette fois en candidat unique.
    Et le combat cessa, faute de combattant(e)s.
    Mariette accepta volontiers l’offre des hôtesses qui lui proposèrent un bain réparateur. Au vestiaire, Angélique avait plié bagages. Mariette avait bien l’impression d’avoir croisé au moins par une fois (de très près) le parfum de la vestale au cours de la soirée. Elle se dévêtit et se dirigea vers les baignoires, désormais dépourvues de sirènes. C’était l’heure du self-service.
Dans la baignoire de gauche, Arianne se prélassait comme une chatte au soleil.
    - « Je t’attendais. »
    - « Tu me fais une petite place ? »
    - « Volontiers. J’ai ajouté des essences de rose pour adoucir le bain. Après tous ces mâles en rut, ça me repose. »
    Avec une grosse éponge rose (au parfum assorti à la couleur), Arianne entreprit un lavage minutieux de sa compagne. Les yeux fermés, Mariette se laissait bercer par cette caresse délicate et bienvenue après toutes ces frictions corporelles.
    Arianne avait perdu sa fougue de l’après-midi et, visiblement repue par sa soirée, elle se contentait maintenant de chatouiller de-ci de-là le corps offert de Mariette. Mais ce n’était qu’un préambule à d’autres jeux.
    - « Ce soir, j’ai fait exprès de te laisser tranquille. Je t’ai gardée pour la bonne bouche. Pour finir en beauté, ma belle, ça te dirait de passer le reste de la nuit avec moi? »
    - « Dans cette baignoire ? »
    - « Je préférerais dans mon lit... Mais si tu as peur d’être trop sèche, on peut commencer ici... »
    - « Je te fais confiance pour ne pas me laisser indifférente », répondit Mariette en plongeant sa main entre les jambes d’Arianne.
    Le majeur investigateur s’enfonça directement, sans aucune résistance, dans un petit étui soyeux et lubrifié à souhait.
    - « Je constate avec plaisir que, pour ta part, tu as déjà commencé sans moi... »
    - « Je m’ennuyais un peu en t’attendant. Je suis venue avec ma voiture. On y va ? »


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Dimanche 20 août 7 20 /08 /Août 00:23
- Publié dans : Roman : "La Chose" - Voir les 1 commentaires
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Commentaires

Très beau site!

Bravo!

Fabrice
commentaire n° :1 posté par : fabrice le: 20/10/2006 à 19h05
Très beau Sith
Disait Skywalker
Dommage que sa bite
Soit un peu moqueur

(Elle et Lui)
réponse de : 1+1=3 le: 23/10/2006 à 22h17

Nous, ailleurs...

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