Chapitre 9


   A 19 heures pile, Mariette se leva de son fauteuil, mit son manteau et prit son sac. La porte de la cabine d’Arianne était entrouverte mais la belle avait déjà filé. Dans son casier, Mariette trouva comme prévu une enveloppe, sur laquelle était épinglée une petite rose séchée et parfumée. Sans ouvrir l’invitation, elle la glissa dans son sac et sortit.
   Les feuilles du soir commençaient à s’accumuler sur les trottoirs, n’adhérant pas à la même convention collective que les balayeurs. La nuit était là. Fraîche à point. Mariette n’avait toujours pas remis sa culotte, même après une bonne douche réparatrice prise chez Arianne. Elle sentait la bise d’automne s’insinuer sous sa jupe pour des courants d’air fripons.
   Elle avait envie de diriger ses pas vers le domicile d’Arianne. Autant pour grignoter un bon petit plat que pour se laisser grignoter une nouvelle fois. Bizarrement, sa « Chose » ne la conseillait pas en ce sens. « Va plutôt dans ce petit resto de fruits de mer. Comment il s’appelle, déjà ? Ah, oui ! La « Marée haute ». Je suis sûre que tu te régaleras. » Si sa « Chose » l’affirmait, Mariette ne doutait pas qu’elle aurait raison.
   Il était encore trop tôt pour dîner mais la salle du restaurant était pratiquement pleine. Un banquet occupait la partie centrale et seules quelques « alcôves » étaient encore disponibles. Le serveur installa Mariette à une petite table en retrait, juste en vis-à-vis avec une autre où une femme distinguée était déjà aux prises avec une douzaine d’huîtres.
   Mariette aimait bien la disposition des lieux qui permettait aux convives de manger en toute tranquillité sans avoir à digérer plus ou moins bien les propos des voisins. Une fois attablée, Mariette ne pouvait voir la partie centrale du restaurant, masquée à ses yeux par un pan de mur. Il en était bien sûr de même pour « la femme assise en face ». Un épais rideau pouvait également être tiré pour « cloîtrer » l’alcôve mais (« Pour l’instant », ajouta malicieusement la « Chose » à la réflexion de Mariette) cela n’était pas nécessaire.
   Après avoir passé sa commande, Mariette retira l’invitation de son sac. Elle l’ouvrit en prenant soin de ne pas la déchirer. Elle en sortit un épais carton de bristol aux caractères imprimés, avec juste deux blancs pour inscrire à la main les prénoms voulus. Elle portait l’en-tête « Rencontres du troisième type ». Mariette lut : « Arianne a l’immense plaisir réciproque d’inviter Mariette à participer à la soirée du 22 septembre qui se déroulera sur le thème Fermez les yeux et laissez-vous guider par votre instinct ». L’instinct de Mariette lui soufflait qu’elle ne manquerait pas de guides.
   En tout petit, au bas du carton, Arianne avait écrit : « rdv à 21 heures précises à l’arrêt de bus devant le bureau. Un service de ramassage se chargera de t’amener à destination. Pas de tenue de soirée exigée, tu comprendras vite pourquoi... »
   Pas la peine de lui faire un dessin.
   Mariette souriait en finissant de lire le message. Quand elle releva la tête, elle remarqua que « la femme assise en face » ne cessait de l’observer. Elle ne tarda pas à en deviner la raison. En s’asseyant, la jupe était largement remontée sous ses fesses et désormais « la femme assise en face » avait une vue imprenable sur monts et merveilles. Mariette la fixa droit dans les yeux. Plutôt que rabattre le tissu sur ses genoux ou serrer ses cuisses, elle écarta les jambes. Lentement. Au maximum. Se laissant même glisser un peu vers l’avant du siège. Mariette n’avait pas quitté son sourire et « la femme assise en face » le lui rendit puis se replongea dans son assiette.
   Le serveur déposa devant Mariette une assiette de moules fleurant bon le safran. Elle avait pris la précaution de demander que l’on ôte l’ail de la recette originelle, se doutant que ce genre de saveur ne correspondrait guère à l’ambiance de la soirée qui l’attendait.
Mariette était fascinée par ces coquillages anodins qui, une fois débarrassés à moitié de leur chaste coquille, ressemblaient à s’y méprendre au sexe d’une femme. Certes, le « clitoris » était proportionnellement quelque peu démesuré mais tout à fait à sa place, à l’abri des grandes et des petites lèvres dont la couleur chair ajoutait une touche de réalisme. Du bout de sa fourchette, Mariette s’amusa à titiller « l’organe », sans se rendre compte que le serveur était toujours debout devant elle, à surveiller son manège.
   - « Et pour la boisson ? »
   - « De l’eau, merci. »
   - « S’il-vous-plaît ? »
   « La femme assise en face » s’adressait au serveur qui détourna les yeux de l’assiette de Mariette. Il se dirigea, comme un bon toutou obéissant, vers sa seconde cliente. « La femme assise en face » était toujours assise mais elle s’était déplacée sur le côté de sa table, comme si elle s’apprêtait à se lever pour partir. Quand le serveur se présenta devant elle, elle avait le visage à la hauteur de la ceinture du jeune homme. D’un mouvement brusque, elle lui posa les deux mains sur les fesses et attira directement l’homme contre sa bouche. Le serveur n’émit aucune protestation mais tourna la tête par-dessus l’épaule. Il était visiblement plus embarrassé par la possible réaction de l’autre cliente que par la situation, qui ne devait pas être une première entre lui et « la femme assise en face ». Celle-ci releva la tête.
   - « Ne t’inquiète pas. Je suis sûre qu’elle est d’accord. », dit-elle assez fort pour que Mariette entende. Puis elle ajouta d’une voix autoritaire :
   « ... Va tirer le rideau ! »
   Le serveur ne regarda pas Mariette, sans doute peu convaincu par les paroles rassurantes de sa maîtresse mais il exécuta aussitôt l’ordre qu’il venait de recevoir. En l’observant retourner vers « la femme assise en face », Mariette se rendit compte que les deux petites secondes de contact bouche-pantalon avaient amplement suffi pour provoquer une réaction spontanée. Comme dans les dessins animés quand une bosse pousse tout de suite après un coup de marteau.
   Le serveur se replaça dans l’exacte position qu’il venait de quitter. Debout, bien droit, juste devant la bouche. « La femme assise en face » le tourna un peu sur le côté afin que Mariette puisse jouir pleinement du spectacle. Elle zippa la fermeture-éclair et fit tomber par terre le pantalon. D’un geste sûr, elle tira sur le bord supérieur du slip pour dégager le pénis en parfaite érection. Elle replaça l’élastique juste en dessous des deux petits ballons qui firent aussitôt un bond vers le haut. Comme un Wonderbra sait si bien le faire avec les seins, dans un but identique de les mettre en valeur. « La femme assise en face » adoptait la tactique du Wondercouilles.
   « La femme assise en face » reposa ses deux mains sur les fesses du serveur et commença à les pétrir farouchement tandis que de l’autre côté elle engloutissait le sexe dressé. Elle s’y prenait avec une ardeur qui laissait craindre à Mariette que la scène ne puisse guère se prolonger. Entre deux séances de violents aller retour, la « femme assise en face » s’arrêtait soudain et entamait alors un périlleux exercice. Mariette était en admiration devant sa technique qui avait dû nécessiter de nombreux entraînements. Cela consistait à engloutir non seulement le sexe de l’homme dans son entier mais également les deux testicules. Une fois bouche et gorge pleines, « la femme assise en face » restait immobile quelques secondes puis se retirait très lentement, en aspirant, jusqu’à se dégager complètement. Puis elle recommençait aussitôt à masturber brutalement l’homme, tantôt avec sa bouche, tantôt d’une main vigoureuse. La tête rejetée en arrière, le serveur avait le visage cramoisi. Sans prévenir, « la femme assise en face » stoppa net. Elle se leva et regarda Mariette.
   Les moules de Mariette avaient complètement refroidi... Mais la sienne était à la bonne température. Tout en contemplant les deux amants, Mariette s’était activée avec sa main gauche. Elle s’était prise d’une frénésie inhabituelle, se laissant influencer par ce qu’elle voyait. Mariette s’était elle aussi déplacée sur le côté de la table, pour avoir une plus grande liberté de mouvement. « Alors, qui avait raison ? » murmura la « Chose ».
   - « Toi ! », lui répondit Mariette.
   « La femme debout en face » crut que Mariette s’adressait à elle.
   - « Pas d’impatience, j’arrive... », lui lança-t-elle avant de parler à son homme.
   - « Toi, tu restes là et tu continues sans moi. Tu as intérêt à faire tout ce qu’il faut pour ne pas débander parce que j’aurai encore besoin de tes services ! »
   Docile, le serveur empoigna son sexe. Sans doute conscient qu’il ne pourrait maintenir longtemps le rythme qu’il venait de subir, il entama de lentes mais efficaces montées-descentes.
   « La femme debout en face » se plaça devant Mariette, exactement comme le serveur l’avait fait avec elle, peu de temps auparavant. Sans quitter Mariette des yeux, elle releva sa robe, dévoilant tour à tour des bas noirs, un porte-jarretelles et une petite culotte de dentelle noire. Un doute frappa Mariette qui écarquilla les yeux quand « la femme debout en face » posa carrément son sexe sur le nez de Mariette. « La femme debout en face » n’en était pas vraiment une et Mariette avait maintenant contre son visage la preuve formelle du seul détail qui change tout, du tout au tout.
   « La femme-homme debout en face » souriait.
   - « Déçue, ma belle ? »
   - « Faut voir... », répondit Mariette.
   Elle se dégagea pour prendre son sac.
   - « Tu renonces ? » lui lança « la femme-homme debout en face », comme pour la défier.
   - « Pas du tout, j’ai juste besoin de ça... » répliqua Mariette en sortant son deuxième préservatif de la journée. Elle allait devoir trouver des provisions parce qu’elle doutait que son stock tienne le coup jusqu’à l’aube. Celui qu’elle tenait délicatement entre le pouce et l’index était parfumé à la fraise. Elle n’en avait pas aux « fruits de mer » mais elle n’avait pas très faim et ne voyait aucun inconvénient à passer directement au dessert.
   - « T’y tiens vraiment, ma belle ? »
   - « Indispensable, mon mignon. »
   Mariette dégagea adroitement le préservatif. Elle le posa sur la table, prêt à l’emploi et s’occupa de la petite culotte de « la femme-homme debout en face », de la même manière qu’elle avait vue faire. C’était rigolo de coincer ainsi les deux testicules pour les avoir à portée de bouche.
   Le pénis de « la femme-homme debout en face » était au repos complet. Mariette n’avait encore jamais rencontré de travesti dans cette tenue extrême mais elle savait que, côté érection, il fallait vraiment y mettre du sien pour arriver à un bon résultat. Elle avait lu un truc où il était question d’hormones et les deux seins parfaits de « la femme-homme debout en face » démontraient qu’elle-il n’était pas arrivé(e) à ses fins d’une simple potion magique à base d’eau bénite.
   « Au boulot ! », commenta intérieurement la « Chose ».
   Mariette prit donc les choses en main et commença à faire rouler le pénis entre ses deux paumes, tout en soufflant dessus, comme les hommes primitifs allumaient un feu avec une baguette de bois sec. Il n’y eut pas d’étincelle mais la réaction ne tarda pas à se produire. Le sexe fut bientôt assez rigide pour accepter son enveloppe de latex. Aussitôt incarcéré, le pénis fut dirigé vers une seconde prison. Le genre de cachot sombre et humide qui lui convenait parfaitement.
   Mariette s’amusait beaucoup à sucer cette petite friandise qui s’apparentait plus à du caramel mou (à la fraise !) qu’à un solide sucre d’orge. Pourtant, si l’érection n’était pas optimum, le plaisir qui en découlait était apparemment réel pour « la femme-homme debout en face ». Elle-il avait fermé les yeux et laissait passer entre ses lèvres des gémissements qui n’avaient rien de simulé.
   « La femme-homme debout en face » rouvrit les paupières et tourna la tête pour lancer un ordre.
   - « Viens ici. Tu sais ce que tu as à faire. Ne me déçois pas ou tu le regretteras ! »
   Puis, s’adressant à Mariette, elle lui dit en conservant cette voix autoritaire, mi-mâle, mi-femelle :
   - « Toi, n’arrête surtout pas ! »
   Le serveur, tout en continuant nonchalamment à se branler, s’approcha des deux femmes. Il s’installa derrière « la femme-homme debout en face » et lui arracha carrément la petite culotte. Ce qui eut pour effet immédiat d’enfoncer le « chewing-gum » (à la fraise) presque au fond de la gorge de Mariette qui eut un hoquet désapprobateur. « La femme-homme debout en face » mit sa main droite en arrière et se saisit du sexe-objet du serveur. Sans hésitation, elle le guida vers son but et accompagna la pénétration d’un râle de vrai mâle en rut.
Mariette était un peu dépassée par les événements. Arriver à maintenir dans sa bouche le pénis de « la femme-homme debout en face » n’était pas chose facile. A chaque coup de boutoir du serveur (et il n’y allait pas de main morte !), soit le petit prisonnier menaçait de s’enfuir, soit il se réfugiait au plus profond de la gorge de sa geôlière.
   Sans aucun doute possible, le traitement du serveur était bien plus efficace que celui de Mariette et le membre inactif de « la femme-homme debout en face » devenait de plus en plus entreprenant. Jusqu’à prendre des proportions tout à fait raisonnables. Ce qui était maintenant bien plus pratique pour que Mariette contrôle la situation.
   Elle aurait bien aimé profiter de ce nouvel état des choses pour participer au mouvement et, par exemple, jouer au petit train dans le rôle de la locomotive. Mais le travesti lui avait dit de ne pas arrêter d’un ton sans appel. Elle craignait que les préparatifs pour se faire elle aussi enfiler tournent à la déroute.
   Alors, comme elle l’avait vu faire (ce qui semblait effectivement correspondre aux moeurs de ce sympathique couple), Mariette entama une série de hochements de tête d’avant en arrière, de plus en plus rapides. Sans s’arrêter... Elle n’osait pas se lancer dans l’intermède « glace à deux boules », estimant qu’elle ne possédait pas l’expérience requise pour ce genre de figure.
   « La femme-homme debout en face » se malaxait copieusement les deux seins et paraissait parfaitement à son aise.
   - « Viens ! », hurla-t-elle-il soudain. Le serveur accéléra encore. Mariette se disait que, question rythme, il n’y avait maintenant plus guère de différence avec celui d’un marteau-piqueur. Debout sur la pointe des pieds, le serveur s’immobilisa en poussant un tout petit cri, nettement disproportionné avec ce qu’il venait certainement de ressentir. Au même instant, Mariette sentit dans sa bouche le sexe de « la femme-homme debout en face » se raidir puis s’agiter de trois ou quatre soubresauts qu’elle connaissait bien.
Un peu frustrée par ce double plaisir simultané auquel elle avait certes participé mais pas assez à son goût, Mariette expulsa le sexe de sa bouche comme on crache un vieux chewing-gum (à la fraise). Elle ramassa son sac et sortit en courant du restaurant sous l’oeil intrigué de la noce. Sur la table centrale, une mariée relevait en cadence le revers de sa jupe et on voyait déjà un petit morceau du porte-jarretelles.
   - « Attention aux surprises ! », lança Mariette en direction du marié.
   Mariette avait laissé dans l’alcôve ces messieurs-dames se débrouiller derrière leur rideau. Pour l’addition, elle supposait que le serveur avait été amplement payé en nature. Quant au pourboire, il n’avait qu’à se servir directement à la source qui devait pendre désormais lamentablement au bout du petit bout.
   Une fois dans la rue, Mariette entendit sa « Chose » lui murmurer : « Alors, ma belle, ça t’a plu ? », imitant à la perfection la voix de « la femme-homme derrière le rideau ». « Dans la tête, oui. Et tu es bien placée pour le savoir, Madame ma « Chose ». Mais j’aurais aimé avoir une part plus active, si tu vois ce que je veux dire... » « Ne t’impatiente pas, ma belle, la nuit est à nous deux », répondit la « Chose », en conservant la voix de « la femme-homme qui n’était déjà plus qu’un souvenir ».


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Mardi 15 août 2 15 /08 /Août 00:05
- Publié dans : Roman : "La Chose" - Voir les 0 commentaires
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